Lola sort de chez la gynécologue en se tenant le ventre. C'est qu'il est précieux
ce petit être en forme de haricot qui nage là-dedans.
« Moins de douze semaines, une intervention est encore possible » a
prévenu la spécialiste « Mais ne tardez pas, après je ne pourrai plus rien
pour vous. »
Lola s’est tournée vers Nic. Il lui a saisi la main et a répondu « Il n’en est pas
question ... » avec une douceur qu'elle n'attendait pas.
Il la soutient fermement par le bras tandis qu’elle descend l’escalier.
Il lui dit avec beaucoup de
sérieux dans la voix « Il
ne faudrait pas que tu glisses ! »
L’air frais cueille Lola sur le trottoir et une bourrasque la pousse en avant.
L’air frais cueille Lola sur le trottoir et une bourrasque la pousse en avant.
« Oh ! Oh ! Maintenant je vais te protéger de
tout ! » s'exclame Nic en se précipitant pour la ramener contre lui.
Ils longent les quais d'une Seine gris anthracite. Il ouvre son manteau pour lui proposer une petite place bien chaude. Et c'est d'un même pas qu'ils avancent, têtes baissées, tandis que la pluie
commence à tomber.
« Une grossesse, c’est un temps de recueillement » lui annonce Lola. « Je me verrais bien à la montagne. Un bon fauteuil, un plaid et des heures à écouter bébé grandir dans mon ventre, devant une flambée. Qu’en penses-tu ? »
« Une grossesse, c’est un temps de recueillement » lui annonce Lola. « Je me verrais bien à la montagne. Un bon fauteuil, un plaid et des heures à écouter bébé grandir dans mon ventre, devant une flambée. Qu’en penses-tu ? »
Il tarde à lui répondre. Et comme elle insiste,
il l’enlace très fort, et pour se faire entendre malgré les bruyants coups du
vent, il lui crie à l’oreille « Finies pour toi les boîtes de nuit,
et les journées de ski. Tu l'as dit...un temps de recueillement ! » Un léger rire
le secoue. Bien vite, il rajoute « Ce n'est pas une bonne idée. La plage conviendrait
mieux, il me semble, pour de longues balades, avec quelques amis que l’on retrouverait. »
« La mer ! Hou, c'est bien aussi !» a répondu vivement Lola en souriant
tendrement à la petite fille qu’elle entend déjà babiller. Malgré la pluie
qui crachote, elle a relevé haut la tête.
Comme
le vent encourageait la pluie à cingler les rares passants, ils
se sont réfugiés dans une brasserie.
Lola commande un panaché « Bien
blanc !» qu'elle n'arrive pas à boire. « Quelle
gourde je suis ! C’est évident, mon bébé ne tolère pas l’alcool ! »
Nic
a hoché la tête en fronçant les sourcils. Il a lancé, en se tournant volontairement pour ne pas lui faire face « La montagne ou la mer, ce sont de
longs voyages avant un accouchement…Réfléchissons…»
L’averse
cogne aux baies vitrées et chaque fois qu’un client entre, le vent
s’engouffre en rafales avec lui. Nic a jeté la monnaie sur la table et ils ont rejoint le trottoir que des trombes d’eau ont piqueté violemment. Lola,
nerveuse, s'est écartée. Il l'attire de nouveau vers lui et l'entraîne sous un porche. "Attendons un peu, tu veux bien ?" Il la serre dans ses bras et tandis qu'elle cède à son étreinte, il lui explique, en cherchant soigneusement ses mots, qu'elle va sacrifier la vie qu'elle mène et qu'elle aime, à ce bébé. « Plus
de fêtes… Pas de voyage… Peut-être que ce n'est pas raisonnable... A ton âge... » Il se surprend à la bercer tendrement. « Ce n'est pas un
bébé. Seulement quelques
cellules qui grenouillent dans ton ventre…»
La
pluie a cessé et un maigre soleil d’avant Noël perce les nuages qui
s’effilochent. « Et puis, ce ne sera qu'une petite
intervention…Presque rien du tout… » Nic a secoué vivement
la tête avec plaisir, il a levé le nez au ciel. La fin
d’après-midi s’annonçait belle.
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