lundi 8 décembre 2014

Chapitre 4

C'était un après-midi de fin d'été. Instants paisibles où l'on traîne un fauteuil sur la pelouse à nouveau  verte après les dernières pluies d'août, où l'on étire ses jambes, les pieds déchaussés au contact de l'herbe drue. La tête renversée, les yeux fermés, on tend son visage au soleil qui descend derrière le mur du voisin. Il fait doux et c'est cette douceur qui dessine sur les lèvres un sourire juste avant qu'on saisisse avec nonchalance le livre qu'on avait pris soin d'emporter avec soi.
Frédéric est en retard. C'était à déjeuner qu'il était attendu. S'il se demandait pourquoi il n'a pas réussi à quitter son lit à l'heure programmée, à prendre un café sans tartines, à se doucher rapidement, et même à s'habiller comme d'habitude, sans réfléchir à ce qu'il va porter, il s'emporterait sûrement "Ben, j'en sais rien, pas envie, pas envie, voilà!" Et si c'était Lola qu'on interrogeait à ce sujet, elle dirait "Il a eu peur de me revoir, je le sais bien" avec cette grâce naturelle qui tient au timbre de sa voix et peut-être à une certaine façon de ployer le cou quand elle parle en posant son regard sur ceux qui l'entourent et qu'elle semble découvrir comme des cailloux blancs sur un chemin bitumé.

Et le voilà planté devant cette liane rousse, comme Adam le premier jour du monde.   


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